Athanase d’Alexandrie : Le tome aux Antiochiens

Jeudi 24 février 2005 — Dernier ajout vendredi 9 avril 2010

La lettre synodale que le concile d’Alexandrie (362) envoie aux chrétiens d’Antioche par l’intermédiaire de ses représentants Eusèbe de Verceil et Astérius de Petra est sans doute, pour qui s’intéresse à l’histoire de la théologie, l’un des documents historiques les plus importants, sinon le plus important, du quatrième siècle. Cette affirmation peut sembler exagérée. Ne sont-ce pas plutôt les documents conciliaires de Nicée (325) et de Constantinople (381) qui constituent les deux repères théologiques majeurs de cette période ? Peut-être ! Mais c’est le concile d’Alexandrie qui jette un pont entre ces deux conciles, favorisant grâce à sa lettre synodale, la réconciliation de l’Orient et de l’Occident

Et de fait, ce n’est qu’à partir du concile d’Alexandrie que les Orientaux qui se méfiaient de la propension occidentale à l’arianisme acceptent de considérer avec bienveillance la position de leurs homologues occidentaux. Les Occidentaux consentent eux aussi à ne plus confondre leurs confrères orientaux et les hérétiques sabelliens.

Trois facteurs favoriseront le rétablissement de la communion.

  • Le premier est politique. L’empereur Constance, qui avait favorisé l’instauration de la foi arienne, meurt le 3 novembre 361. Les Ariens y perdent leur protecteur et donc leur emprise sur les débats théologiques.
  • Le deuxième facteur est la personnalité d’Athanase d’Alexandrie. L’évêque exilé retrouve son siège le 21 février 362. Il convoque immédiatement un concile auquel assistent une vingtaine d’évêques qui avaient connu la persécution. L’objectif de la rencontre : renouer avec la foi de Nicée. Les Pères étaient en effet fatigués des innombrables confessions de foi, plus ou moins hérétiques, plus ou moins orthodoxes, qui avaient fleuri entre 341 et 360. Athanase va les aider à clarifier leur vocabulaire théologique et à se rendre compte de ce que, si l’expression de leur foi était différente, la teneur de la foi était identique. Elle n’était autre que celle de Nicée.
  • Le troisième facteur est d’ordre théologique. Les années 359-360 étaient marquées par la montée en puissance de l’arianisme radical représenté par le diacre Aèce et par son disciple Eunome de Cyzique. Les évêques orientaux, qui jusqu’alors avaient sympathisé avec l’arianisme parce qu’ils ne voulaient pas faire le jeu du sabellianisme, comprirent tout d’un coup les conséquences désastreuses des thèses ariennes : le Père n’y était plus vraiment père, le Fils était ramené au rang de créature et l’Esprit Saint également. La menace du sabellianisme étant par ailleurs assez bien circonscrite, cela laissait une certaine latitude aux Orientaux pour se rapprocher de la position occidentale.

Les Pères du concile d’Alexandrie ont réalisé un beau travail de clarification des concepts. Leur lettre synodale, encore appelée Tome aux Antiochiens, montre comment l’Occident et l’Orient ont su trouver un langage commun pour exprimer leu foi. Cette lettre offre également un beau témoignage de compréhension, de miséricorde et de communion. À ceux qui ont failli n’était demandé que le minimum : confesser la foi de Nicée et reconnaître que l’Esprit est Dieu.

Le Tome aux Antiochiens est suivi de différentes professions de foi, dont celle de Paulin d’Antioche.


Sources :

Texte grec : PG 26, 796-809 ; Mansi,III, 345-353.

Traduction : pour le Tome lui-même, Gervais Dumeige dans Histoire des conciles œcuméniques, tome 1, I. Ortiz de Urbina, Nicée et Constantinople, Éditions de l’Orante, Paris 1963, p. 269-275. Avec l’aimable autorisation de l’éditeur qui annonce une prochaine réédition de son Histoire des conciles en douze volumes. Renseignements : Éditions de l’Orante, 6 rue du Général Bertrand, 75007 Paris. Fax : 01 47 83 55 02.
Pour les différentes souscriptions et la confession de foi de Paulin, L. Fritz.

Revenir en haut